« Bonjour madame ! Je suis Dopamine, je suis l’interne. »
Oh. My. God.
C’est ma bouche qui a dit ça. La petite fille en moi hésite entre sourire aux anges ou se cacher effrayée sous le lit (elle croit encore que ça marche, la choupinette).
Bref. Maintenant quand je vais à l’hôpital, j’examine toute seule mes patients, je décide presque toute seule de demander des examens complémentaires, je prescris des médicaments et je fais même des courriers : pas de doute, je suis bien une interne ! Enfin plus exactement, je suis Faisant Fonction d’Interne, ou FFI comme c’est écrit sur mon joli badge… Mais bon, il n’y a que deux personnes pour qui cette différence est importante : ma patiente Alzheimer qui s’est soudain cru revenue à la Libération de Paris, et mon chef qui me surcouve, un vrai papa poule. ❤
Rentrée des classes, rentrée du blog, héhé !
Bon euh, je vous avoue que j’ai un peu perdu la main, j’ai déjà écrit quelques textes aujourd’hui dont je ne suis pas satisfaite, ils ont donc rejoint mon dossier cimetière brouillons. Du coup je vais faire court et pas chiadé, vous ferez avec, chers choupinets.
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Du coup c’est nul, je dois retrouver une première phrase d’accroche alors que je suis déjà au quatrième paragraphe, nan mais vraiment Dopamine tu fais n’importe quoi.
Bon. Euh.
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Comme vous le savez, je suis une catho à l’hosto. #scoop
(Ouais bah ça va, hein, je fais ce que je peux).
En conséquence de quoi, je vois des malades. #JournéeDuScoop
Ils sont chacun dans leur chambre à attendre, et mes chefs et moi les voyons dans l’ordre, en partant de la chambre n°=1 jusqu’à la chambre n°=20… Enfin, dans l’idée. La réalité est qu’on zigzague entre les soins infirmiers, les toilettes, les séances de kiné et les sols mouillés. Et tout ce schmilblick s’appelle, tadaaaaam, la visite médicale. First point.
Second point, toujours lié à mon identité de catho à l’hosto : il m’arrive de réciter des rosaires chapelets dizaines en méditant sur des passages de la vie de Jésus (que l’on appelle mystères, admire la subtilité du titre de l’article maintenant) ; je vous avoue que spontanément j’ai tendance à préférer méditer un truc heureux plutôt que douloureux, du coup ça tombe souvent sur, tadaaaam, la Visitation.
Avouez que c’est bien amené.
Visite, Visitation… même combat ?
A ma connaissance, et surtout à la connaissance de Google, le mot visitation n’est utilisé que pour évoquer un épisode de la Bible : Marie, enceinte de quelques heures probablement – amuse-toi à calculer une date de fécondation quand le père c’est le Saint Esprit – part en toute hâte voir sa cousine Élisabeth. En effet, l’ange lui a dit juste avant de se tirer que cette vieille femme stérile était enceinte. Et cette parole suffit à Marie pour :
1/ croire en cette folie sans poser de questions
2/ se dire que potentiellement Élisabeth va avoir besoin d’aide, on n’y pense jamais mais ça n’a pas dû être drôle de cumuler les items de gériatrie et de gynéco. Tout ça avec un mari muet, grosse ambiance.
3/ que ok il vient de lui arriver un truc de fou, l’ange, l’Emmanuel, l’ombre de l’Esprit… mais bon le monde continue de tourner et ce n’est pas maintenant que Marie va commencer à se centrer sur elle-même et son nombril, fût-il distendu par un divin Fœtus.
Vas-y que je te selle Cadichon, et zou galinette.
Au bout de la route, Marie arrive et salue Élisabeth. Celle-ci s’apprête à répondre poliment comme sa maman lui a appris… Mais soudain, l’enfant tressaille de joie en elle, suite à quoi elle est remplie d’Esprit-Saint. Sa salutation se change en parole de bénédiction pour la « mère de son sauveur ». En réponse, Marie s’enflamme à son tour et proclame son Magnificat, son chant d’amour pour son Dieu de miséricorde.
Voilà, la Visitation de Marie à Élisabeth.
Et du coup, la Visitation de Dopamine à ses patients, ça donnerait quoi ?
Savoir que l’autre souffre. Accepter de voir sa souffrance.
Savoir que je peux l’aider. Me former pour savoir le soigner.
Ne pas être centrée sur moi et ma vie, mais être centrée en moi pour pouvoir me tourner vers les autres.
Seller Cadichon.
Dire bonjour. (On dirait un cours de module 1 ce billet) (oui on a des cours pour apprendre à dire bonjour aux patients).
Porter Jésus dans mon cœur, pour pouvoir L’apporter à mon patient. Que la laïcité ne soit pas outrée, je ne parle pas de signes visibles : c’est un embryon de même pas deux semaines que portait Marie en son sein, en terme de discrétion ça se pose là. Mais voilà, il faudrait tout simplement « incarner Dieu ». Il me semble que c’est finalement le moyen le plus efficace – pas le plus évident, je vous l’accorde – pour témoigner de Dieu : être pour Jésus une « humanité de surcroit », comme disait la bienheureuse Élisabeth de la Trinité, qui envoyait du pâté de licorne.
Prier le Saint-Esprit, car Lui seul peut faire de cette banale visite médicale une nouvelle Visitation.
Bon il n’est pas si mal cet article, je crois même qu’il est tres beau et tres profond. On prie pour toi, pour que justement dans ce monde hyper médicalisé et technique , tu sois Sa Présence.
Fraise ( catho dans une administration relevant de la santé)
Ravie de vous retrouver, Dopamine. Merci pour cette visite…Mais, c’est kwa le « paté de licorne » ? 😉
bah alors là, ça impose le respect ! Oser(z) la sainteté nous avait dit Mgr Etchegaray à Rome (et oui, je suis dans la catégorie des bientôt vieux). C’est pas loin d’être de le bon chemin, je trouve.
je suis avec Joie et attente les Tweets & blogs de Dopamine. par curiosité, un peu par hasard mais en fait non, je sais pourquoi maintentant.
Merci
Jerome
Han mais j’adore Cadichon !
Et courage pour la suite, tu auras plusieurs fois envie de te cacher sous un lit (ou dans le local déserté des manip radios pour pleurer un peu AU HASARD) parce que bon parfois c’est pas facile de Le trouver dans toute cette merde, mais je sais que tu vas envoyer du pâté de licorne aussi.
je plussoie le pâté de licorne et les kleenex radiographiés… je me permets d’ajouter une petite vertu d’admiration, elle évite de faire croire que je suis seul à donner. :p
Dopamine, je t’ai lancé un défi (http://crevettedemars.wordpress.com/2014/09/25/defi-positif-2eme-jour/) que tu n’es pas obligée de relever mais c’est rigolo 😉
Du pur Dopamine 🙂 ravi de te relire ! j’espère , si ce n’a pas été déjà le cas , va savoir, te croiser au CHR , si t’y es ….
Je vous salue Dopamine
Vous que Cadichon a trimballé ….
XD
C’est malheureusement à l’hôpital aussi que l’on empêchera ces petits anges de vivre : https://comitecedif.wordpress.com/2014/12/07/un-vieux-relent-deugenisme/
Prier l’Esprit ? Oui, et le résultat est parfois très surprenant (dans le bonsens). je suis visiteur-aumônerie catholique à l’hôpital de Sète…
D autres articles bientot ??! Ca fait longtemps que le blog est muet.. merci pour tes témoignages 🙂
Je ne passe pas souvent, mais j’aime vous lire